Extrait du Chapitre 13: "Song for the Goldfish (Une chanson pour le Poisson Rouge)"
Résumé de situation: Un paquet anonyme arrive à la rédaction des plus grands journaux parisiens, il contient une lourde enveloppe scellée qui est accompagnée de quelques mots sur la feuille jointe: "Si vous recevez ce paquet, c'est que je me sens définitivement menacé. Ma fin est maintenant proche, ils ont lâché leurs chiens. Lorsqu'il me sera arrivé malheur dans les jours prochains, il sera temps, s'il vous plaît, d'ouvrir l'enveloppe scellée ci-jointe. Cet écrit est en quelque sorte mon testament. Vous connaîtrez alors toute la vérité. Il est important que vous sachiez, que tout le monde sache. Qui je suis, vous le saurez, à l'évidence, à l'instant où l'on annoncera ma disparition et j'espère humblement que mes révélations sauront susciter non seulement votre intérêt mais aussi votre désir exacerbé de pousser encore plus loin vos investigations et votre désir de vérité. Avec tous mes remerciements, mon plus profond respect et toute ma confiance"
Extrait du testament:
"... En effet, quel est l’espace de liberté et les perspectives du pauvre poisson rouge, objet d’une marotte passagère de son acheteur, et qui est destiné, dans tous les cas, à être sacrifié, et mourir entre les parois sphériques du maigre espace vital qui lui est alloué ? Un sarcophage de verre put peut-être convenir à Blanche-Neige, mais jamais à un digne poisson rouge qui, lui, n’a aucune illusion sur le Prince Charmant.
Comment ne pas devenir fou, à force de tourner en rond alors que rien ne tourne rond? Comment ne pas mourir d’ennui lorsque l’engouement du tortionnaire est passé et que c’est la totale indifférence, voire l’abandon, qui prévaut et noie le condamné dans son chagrin?
Comment, de toutes les façons, ne pas mourir que de constater que même le dernier de ses rêves, comme tous les autres de ceux qui essayèrent de s’évader, se fracassera, à son tour, sur les parois invisibles de sa prison ?
N’y a-t-il plus grand bonheur, plus belle morale, que de se faire dévorer par le chat de la maison, ange ou démon, abrégeant ainsi les souffrances du bocal?
Cela vaut encore mieux que d’infructueuses tentatives de suicide, lorsque le recul de l’arme n’est même pas assez grand pour s’exploser sur la vitre ! Et tellement mieux, en fin de compte, que la chasse et la curée des toilettes vous propulsant droit aux enfers nauséabonds de la race humaine, sans même que l’extrême onction ne fusse donnée et les derniers sacrements prononcés.
Nobles et petites gens de la Mode, ne vous trompez pas, que vous soyez créateur adulé ou fashionista anonyme, chacun de vous EST déjà ce POISSON ROUGE !
« … Quelles qu’elles puissent être, un jour déifiées, l’autre crucifiées, fragiles chimères digérées par leur démons intérieurs, étoiles filantes des paradis artificiels,
Quels qu’ils sont, orphelins oubliés ou anges déchus de la gloire,
Nous sommes tous tels des poissons rouges, dérivants inexorablement dans les sombres courants de nos Limbes, prisonniers de l’impitoyable bocal d’une société médiatique et affairiste d’apparences et de collusions, seulement encore capables de rêver hypnotiquement de vains Champs-Elysées menant droit au Paradis tant espéré et convoité avant d’être définitivement entrainés en Enfer… » (Birdy Tg 2014)
Sans blasphémer le moins du monde, n’ayez pas une cervelle de poisson rouge et REFLECHISSEZ !
Toi, le grand créateur, gros poisson prédateur de ton microcosme, aujourd’hui tu brilles, d’aura, de gloire, tes écailles sont chatoyantes et dorées sous les projecteurs, à l’instar de ton compte en banque, mais ne seras-tu pas sur le gril demain lorsque la nouvelle collection approchera et que tu n’auras pas encore la moindre idée de comment renouveler ton eau bénite ? A moins que les requins de l’ombre, qui te portent au nu aujourd’hui, ne te considèrent que comme un sushi dont il n’ont vraiment pas besoin d’attendre qu’il leur coûte chair et ne décident de le manger tout cru avant que sa chimie l’avarie, et ne t’arrêtent tout de gobe. Aujourd’hui tu fais la pluie et le beau thon, demain qui sèche ?
Tu t’étales dans les filets enfarinés des magazines, tu frétilles vif-argent sous le glacis des couvertures que tu as su si bien ferrer et tirer à toi, tes frasques amusent ton banc pilote et font rire jaune dans les lieux noirs, ta réputation absout tes pêchés en eaux troubles, maquereau argenté et sublime, tu t’es pécho un jeune et beau lécheur ambitieux à qui tu as su faire tes yeux de merlan frit et tendu la perche, rien ne te touche plus que ce pauvre et corvéable alevin nettoyeur de ton ventre nombriliste, qui te suit partout, sans que Saint Pierre ne rome ou que les vieilles coquettes n’y trouvent à clamser, à contre-courant tu t’es peaufiné un look de diva plus ou moins virile, parfois fais appel à des chirurgiens très esthétiques, tu fraies avec le gothaquarium et le tout Paris se pâme avec toi, tu appâtes la galerie sous des salves d’applaudissements et de gesticulations dont tu as fait ton accoutumance. Mais même si tu tu te sens comme un poisson dans l’eau, tôt satisfaction pourrait se retourner dans la poêle en désolation !
Tu te crois si fort, qu’un jour il te prendrait même de vouloir voler de tes propres ailes… Et d’un saut carpé te voici séché dans les franges du tapis rouge dans lequel tu t’es pris les nageoires ! Belle fin que celle-ci ! Roulé-boulé en accra , qui est frit qui croyait frire ! Quelle boulette tu as fait ! Quelle pâtée tu t‘es prise!
Et sais-tu ce que pire serait encore? Que, lors du cocktail donné en l’honneur de ton dauphin qui s’est habilement faufilé en la place comme une anguille et nage désormais en plein bonheur, celui-ci ne t’écrase dans l’indifférence unilatérale comme une vieille m-r-e ! Quelle brandade ! Mon Dieu, que c’est laid en ce cas!
Et si, ô combien, ton ego nigaud ne t’avait pas fait miscible exocet exogène de la très « taire à terre » jet-set, inéluctablement, un jour ou l’autre, tu te serais aperçu que ton reflet dans le miroir aux ablettes, depuis que tu tournes autour en espérant te faire la belle affaire, n’est plus que l’ombre de ta raie.
Sucé par toutes les lamproies de ce monde que tu n’as vu venir et qui ont vu en toi la proie idéale, tu ne supportes plus la pression. Pilier de bar aux néons bleu électrique, l’alcool coule à flot, un peu comme toi qui sombre, corps et maux, dans l’ addiction des lignes blanches, héroïnes des tes nuits ourlées d’organza, que tu franchis allègrement, pied au plancher, turbo à fond. Rien ne t’arrête, tu pousses le bouchon toujours plus loin et t’épuisettes. Petit à petit, tu te fermes comme une huître dépressive et restes désormais koi comme une carpe se laissant dériver à contre courant, le cervelle pathétiquement vide. Le ventre en l’air, bouffi et les ouïes écarquillées, et dans la dernière nuit de ta solitude, tu crèves tristement et tout se termine ainsi pour toi en queue de poisson!...
...
Mais jamais assez tard, pour elles ! Les sous-marins les ont dénichées et remontées à la surface, ces créatures captivantes, rares et bizarres, extraordinaires et uniques. Elles viennent des profondeurs inconnues, d’un pays enchanté de cauchemars, le monde des ténèbres est leur.
Gaulées comme des ablettes, plates comme des limandes, de grands yeux lavasse ébahis, la peau diaphane, mâles ou femelles - qui le sait ? - jouent des caudales sur les podiums pour tenir leur rang au grand buffet des poissons panés ou avortés, morbides et anorexiques, moroses et shootés aux brûle-graisses - au cas improbable où il pourrait en subsister.
Ainsi se décompose la pêche monstrueuse et haineuse, prometteuse de toute « fishing-week » branchée et décadente, donc réussie !
La rate au court-bouillon, la tête dans le potage, leurs « bouilles à baise » nous promettent le grand chaud ! La plus belle soupe populaire au laid et à la grimace, jamais distribuée au resto des arnaqueurs!
L’heure est grave sur la grève, les goules font la gueule, l’air est sévère comme vénère, les walkyries n’épargnent les vaches qui chialent, l’art est guerrier dans le guêpier, les reines ignorent tant la piété que la pitié. L’or brille à qui le brigue. A tout prix, tout prendre.
Les coups sont bas dans la basse-cour, tours de passe-passe, tout passe ou casse, les passe-partout font main basse sur tous les atours, comme toujours, c’est le casse du jour, l’une sera vautour, se fera veau d’or et vaudra le détour, l’autre, sans recourt, prise de court, fera un four. Qui n’outrepasse, trépasse à son tour.
Sur la platière, les altières se ruent et muent. Les cœurs chavirent et les mœurs charivarisent. Les crève-sœurs rivalisent et les rancœurs revitalisent. Les paillettes scintillent, les païennes s’indignent, les plumes volent et les olms* pleurent, les lopes se meurent et les salopes exultent.
Les pieds dans les starting-blocks, les Je et les Nous s’asticotent, les membres biscotent et se disloquent, les antennes chicotent et breloquent. Tant physiquement que mentalement handicapées, pas vraiment nées terminées, souvent trépanées ou totalement déchirées, mais à présent capées et gonflées à bloc, les loques décapent, elles sont prêtes!
Sur le ponton d’exécution, on les a lâchées… C’est leur veine! La liberté est au bout !
La vénielle ivresse des succédanés dans leurs veines délivre l’envie du succès damné et vénal. Elles y croient, incarnées, venimeuses. Le regard abyssin cerné par toute la noirceur du monde assassin qui est leurre. La cervelle déchargée et l’arête décharnée, sous les projecteurs qui les poursuivent pour le cas où elles perdraient l’une ou l’autre.
Le vent du large, celui des grandes conquêtes hystériques salées, se renforce irrésistiblement, projetant, violemment vers l’avant, les bassins exigus et aigus, affamés de gloire, à l’assaut des culs-de-basse-fosse* (sceptiques) et des fondements intimes de la raison qu’inondent un tonnerre de basses convulsives.
Les tambours bastonnent, les chœurs entonnent, le compte à rebours gloutonne, et les concurrentes cétonent*.
Instant magique, intense et tragique. Elles foncent !
Qu’11 le 10, 6 7 assez, 13 à leur 12 haine, d’ 1 pas de 2 très 5opal, en 3/4 tout 9, les 0 de la n8 sont mises au rebus* avant même qu’elles ne s’en aperçoivent.
1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12, le 13ème pas est fatal ! Met ! La mort !
C’est le demi-tour ou les donzes tombent dans la bouse ! Retour vers le passé. Les poupées, percées à jour, se dégonflent et partent en vrille.
Elles ont cru à la liberté. C’est pas leur veine ! La liberté est tabou... Tas de boue ! ..."